Penser...

Penser - pourquoi et comment ?

Quand il s'agit de se définir, les êtres humains procèdent souvent par une comparaison : il y a, il y aurait les animaux, qui ne penseraient pas, ou peu, et il y aurait, eux, qui sont des êtres pensants. Pour illustrer ce fait, ils évoquent souvent des figures historiques, supposées incarner une activité et des résultats, remarquables, de la pensée, comme Albert Einstein. Quand des professeurs de Philosophie veulent définir leur discipline, justifier son existence, sa pratique, ils évoquent aussi cette activité.

A l'instar de ce que Platon dit de "l'opinion" dominante dans les relations sociales, celles évoquées ici sont vraies et fausses à la fois :

• les études scientifiques sur la vie animale ont démontré et continuent de démontrer qu'il y a conscience et pensée dans le monde animal, mais, évidemment, différemment de ce qui existe avec les humains

• si Einstein et d'autres, identifiés aussi par une notion problématique, le QI, a beaucoup pensé, se servir systématiquement d'une telle figure est réducteur, parce que la pensée, via, dans les mathématiques, est une part de la pensée humaine, et pour les "matheux", une telle facilité, qu'ils et elles n'ont pas tant de mérite à bien penser, puisqu'il y a de telles contraintes dans la pensée mathématique que le vrai se déduit de..., alors qu'une part substantiel du vrai ne se déduit pas, doit se conquérir par une "nouvelle" pensée - ce que, par ailleurs, Albert Einstein a su faire (avec sa femme).

• le cours de Philosophie repose, en effet, sur une productivité intellectuelle, fondatrice et recherchée, mais les cours avec les autres matières reposent également sur une pensée, celle des chercheurs/savants qui ont élaboré les connaissances utilisés en cours, celle du professeur, celle des élèves.

Donc, comme pour l'intelligence eu égard à l'écriture (cf. la page "Socrate avant Socrate..."), la pensée humaine n'a pas attendu les Grecs pour exister; ne se réduit pas à ce que les Grecs ont élaboré et diffusé, pas plus qu'elle ne se confond avec ce qui est identifié, à tort ou à raison, avec de "la Philosophie". Les sophistes sont des sujets pensants, mais, selon toute l'analyse donnée par Platon dans les "Dialogues", la pensée sophistique est très problématique, dangereuse - parce que la pensée humaine est cette source dont peut provenir des biens et des maux. En tant qu'êtres humains, nous pensons tous, nécessairement, mais nous ne pensons pas, tous, "bien", ni pour ce que Platon appelle "le bien". Mais nous savons par expérience que, de la pensée, les biens qui peuvent advenir sont essentiels, remarquables. Nous ne pouvons nous permettre de ne pas penser, ni de mal penser : voici une définition de l'Histoire de la pensée philosophique.

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